WELCOME TO WEB SONG

 

 Bienvenue sur "Web Song": Site de chroniques musicales pour progueux et autres grands mélomanes.

Le site est en construction permanente et il est à nouveau en activité (après une pause trop longue à mon goût). Néanmoins, on peut déjà voir les albums qui seront chroniqués même si les chroniques sont, encore, en construction! A ce jour, le site possède 48 chroniques complètes. Bonne visite!

  Nombre de Visiteurs:

 




Genesis: Trespass (Rock progressif)

   Trespass (Genesis/1970)  




"Le pas en trop" ou encore "le pas interdit", tels sont les différentes manières de traduire Trespass; premier véritable album de Genesis (je ne mentionnerai pas le ridicule et navrant From Genesis To Revelation, immonde sucrerie pop gluante parue en 1969). Méconnu de beaucoup, Trespass marque une étape importante dans l'histoire de la formation de Chaterhouse. C'est, bel et bien, avec cet album que Genesis va commencer sa carrière en signant chez Charisma (label progressif par excellence et dont Van Der Graaf Generator sera la figure de proue pendant près d'une décennie) et en ayant Tony Stratton-Smith comme manager. Trespass marque, également, le rattachement de Genesis à la scène progressive britannique, même si l'appartenance de Genesis au monde du rock progressif peut être contestable. Avec du recul, Genesis s'apparente plus à un groupe de pop qui s'est inspiré des groupes de rock progressif de l'époque à l'instar de King Crimson et de son premier album "In The Court Of The Crimson King"; sans en avoir le côté bouleversant et novateur pour autant. Genesis était, avant tout, un faiseur de chansons mais, aussi brillant soit-il, il n'était pas un défricheur de territoires musicaux nouveaux. De ce fait des groupes comme King Crimson, Van Der Graaf Generator, Soft Machine, les Mothers Of Invention, certains albums de Pink Floyd (comme Ummagumma ou Atom Heart Mother) et de nombreuses formations allemandes (Can, Faust, Amon Düül II) s'inscrivent plus dans une logique progressive que Genesis qui est, plus, cantonné dans la tradition pop.


Genesis est un vulgarisateur du rock progressif et non, vraiment, un de ses acteurs. Cependant, Genesis fut un excellent vulgarisateur et sa musique peut être, parfaitement, considérée comme une porte ouverte sur différents horizons musicaux et différents artistes (dommage que de nombreux fans de la Genèse ne veulent pas dépasser le stade Selling England By The Pound). Pour toutes personnes voulant se jeter dans l'univers du rock progressif, il est évident que je leur conseille de commencer, en douceur, avec un Nursery Cryme plutôt qu'avec un Starless And Bible Black ou un Godbluff (disques plus expérimentaux, plus inventifs, certes, mais bien plus difficiles d'accès aussi). Genesis a su, intelligemment, s'approprier certains éléments du rock progressif (morceaux longs, virtuosité technique, ambiances ésotériques, références à la musique classique, etc...) pour enrichir sa pop beatlesienne et sophistiquée. A l'inverse de nombreuses formations de l'époque dont les oeuvres demandent beaucoup d'écoutes approfondies pour pouvoir en saisir la richesse, Genesis, lui, propose une musique immédiatement séduisante et attachante mais, vous l'aurez compris, cette musique flatte plus les oreilles qu'elle ne les ouvre. De ce fait, on ne peut s'empêcher de déduire que la réputation de Genesis reste très surestimée dans l'histoire du rock progressif (car son apport reste très faible) mais son succès est, parfaitement, compréhensible et, dans un sens, mérité.

Néanmoins, Trespass se détache du reste de la discographie de Genesis (même si l'influence de In The Court Of The Crimson King de King Crimson y est très forte). Trespass est le seul et unique témoignage du Genesis originel. Une sorte de pop acoustique enrichie par de belles parties de piano (et, naturellement, de mellotron aussi!) et de flûtes traversières. Une pop à l'ambiance médiévale et champêtre et aux aspirations celtiques et religieuses. Si certaines de ces composantes seront, encore, présentes dans la suite de l'œuvre de la Genèse (notamment sur Selling England By The Pound), elles ne seront, jamais, autant mis en évidence que sur Trespass et, de ce fait, cet album est habité d'un charme qui n'appartient qu'à lui. Mais, attention, Trespass n'est pas un chef-d'oeuvre, loin s'en faut! Le disque contient des moments très faibles à l'instar de Dusk ou Visions Of Angels et ses velléités religieuses grandiloquentes. On peut, aussi, reprocher à Stagnation, morceau très beau et lyrique en soit, quelques longueurs qui cassent le rythme et les progressions mélodiques du titre. Mais le défaut majeur du disque vient du pilier rythmique du groupe à l'époque, John Mayhew, batteur manchot très limité techniquement. Enfin si Anthony Phillips fait preuve d'un jeu acoustique sensible à la guitare, son jeu en électrique est assez quelconque et maladroit (vivement l'arrivée de Steve Hackett). Trespass repose avant tout sur sa magnifique trilogie magique Looking For Someone/White Mountain/The Knife. Les deux premiers morceaux mettent en évidence les capacités mélodiques du groupe et préambulent, déjà, certains titres de Nursery Cryme et de Foxtrot. Quant à The Knife, il s'agit tout simplement d'un des meilleurs morceaux du groupe. Malgré une production passable qui prête à rire et des maladresses techniques (notamment le jeu électrique d'Anthony Phillips), The Knife est un morceau convaincant, car ouvertement rock et qui fait preuve d'une urgence et d'une spontanéité surprenante. Une fraîcheur musicale que le groupe aura tendance, par la suite, à troquer contre des démonstrations techniques stériles et, souvent, ennuyeuses.

Ignoré l'année de sa sortie (6000 exemplaires vendus seulement), Trespass reste un des albums les plus attachants de Genesis même si il est loin d'être le plus abouti. Lavée de toute théâtralité superficielle (dont Peter Gabriel abusera par la suite) et faisant preuve d'une certaine fraîcheur mélodique, Trespass, à défaut d'être le chef-d'oeuvre du groupe, reste, probablement, son oeuvre la plus authentique.

Chronique écrite par Mathieu (Août 2009).

 



Créer un site
Créer un site