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 Bienvenue sur "Web Song": Site de chroniques musicales pour progueux et autres grands mélomanes.

Le site est en construction permanente et il est à nouveau en activité (après une pause trop longue à mon goût). Néanmoins, on peut déjà voir les albums qui seront chroniqués même si les chroniques sont, encore, en construction! A ce jour, le site possède 48 chroniques complètes. Bonne visite!

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Soft Machine: Volume Two (Canterbury)

Volume Two (Soft Machine/1969)




"Il existe de la musique pour le corps et de la musique pour l'esprit. Soft Machine joue de la musique pour l'esprit". Ne voyez rien de prétentieux, chers lecteurs, dans cette citation que l'on retrouve à l'intérieur du livret du second opus de la machine molle et qui tient lieu de devise à ses membres. Il s'agit plutôt d'une information sur le contenu de ce disque; une indication pour nous dire comment l'écouter. Soft Machine (clin d'oeil au fameux livre de William Burroughs: "La Machine Molle") fut et reste une des formations britanniques les plus fascinantes et les plus importantes de la fin des années 1960 avec les Beatles et le Pink Floyd 1965/69. La parenté Pink Floyd/Soft Machine sera, d'ailleurs, très importante au début, puisque Soft Machine signera, au même titre et en même temps que le Floyd, les grands moments de l'Underground Freak Out; ce célèbre club londonien aux ambiances ésotériques et psychédéliques. Par la suite, la proximité des membres du Floyd et de ceux de la machine molle sera, toujours, importante: les musiciens de Soft Machine ont participé au premier album solo de Syd Barrett ("The Madcap Laughs") en 1970, Nick Mason (le batteur du Floyd) a produit le fameux album solo de Robert Wyatt; "Rock Bottom".

Soft Machine fut fondé en 1966 par le bassiste Kevin Ayers, le batteur Robert Wyatt (ancien membre des Wilde Flowers) et le guitariste australien Daevid Allen. La formation sera rejointe, quelques mois, plus tard par l'organiste Mike Ratledge; jeune virtuose du Lowrey (l'orgue Hammond était trop cher pour lui!). Soft Machine débuta sa carrière en donnant des concerts dans des clubs londoniens mais aussi dans des spectacles théâtraux en France. Lors du retour en Angleterre, Daevid Allen est arrêté par la douane française pour d'obscures raisons de visa. Il restera en France et formera Gong (une des formations françaises les plus étonnantes) quelques années plus tard laissant la formation à trois. Le groupe enregistre un premier album en 1968 ("Volume One") qui fera écho à un point qui donnera naissance au premier (et à un des plus importants) mouvements de la nébuleuse progressive: l'école de Canterbury. Un mouvement dont l'importance résonnera en Angleterre (Caravan, Henry Cow), naturellement, mais aussi en France (Gong, bien sûr, mais aussi Magma). Après ce premier effort, Kevin Ayers quitta le groupe et fut remplacé par Hugh Hopper, bassiste d'exception à qui l'on doit certaines des plus grands moments de la formation.


Avec ce second volume, Soft Machine passe, indéniablement, à la vitesse supérieure et signe sa première oeuvre majuscule. Le premier album de Soft Machine fut une réussite honnête, certes, mais à laquelle il manquait quelque chose qui tient en un mot: efficacité. Ici, tout coule de source. Toutes les notes, tous les sons éclatent de perfection. L'auditeur est, ici, en face d'une musique dont la qualité et la richesse sont une évidence indéniable. Tous les composants de la recette magique de la machine molle sont présents: mélodies gracieuses et pop, improvisations démentielles et jazzy, expérimentations avant-gardistes qui dépucèlent les tympans, humour absurde inspiré du dadaïsme et du surréalisme. Un monde sonore enivrant qui ne laisse pas une seconde de répit à l'auditeur comme en témoigne la durée très courte des compositions (17 morceaux pour un album qui dure... 33 minutes). "Volume Two" est le manifeste de l'inventivité de Soft Machine; une osmose magique entre un jazz volcanique et une pop féerique qui doit autant aux Beatles (pour l'évidence mélodique) qu'aux Mothers Of Invention (pour l'humour absurde et les expérimentations avant-gardistes). Les petites perles ne manquent pas: "Pataphysical Introduction" et sa mélodie implacable, "Hibou, Anemone And Bear" et sa fureur explosive, "Dada Was Here" et son surprenant télescopage entre l'anglais et l'espagnol, "Have You Ever Bean Green?" où Wyatt joue, magnifiquement, de sa voix androgyne comme d'un instrument ou encore le mémorable "As Long As He Lies Perfectly Still". Enfin, cerise sur le gâteau: "Dedicated To You But You Weren't Listening", formidable bizarrerie acoustique, et "10:30 Returns To The Bedroom" qui résume, à lui seul, la richesse et la densité de cet album absolument unique.

Vous l'aurez compris, chers lecteurs de Web Song, ce "Volume Two" est une authentique merveille que tout mélomane digne de ce nom se doit de posséder. Quarante ans après sortie, la galette continue à faire preuve d'une étonnante et miraculeuse fulgurance musicale digne de celle de
"The Piper At The Gates Of Dawn" ou de "A Saucerful Of Secrets" (même si, contrairement à Pink Floyd, Soft Machine est tourné vers le jazz et non vers le blues). Soft Machine prouve parfaitement, à la manière de Frank Zappa, que transcender et mélanger les genres et la meilleure façon d'accéder à quelque chose de, véritablement, neuf et, donc, novateur. De ce fait, le statut de fondateur du rock progressif convient, peut-être, mieux à Soft Machine qu'à King Crimson. Car ce "Volume Two" propose, clairement, un regard nouveau et unique sur cette musique juvénile qu'est la pop et qui connaît sa plus grande mutation en cette fin des années 1960. Un disque d'utilité artistique, mais le meilleur reste encore à venir...

Chronique écrite par Mathieu (Mai 2009).


 



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