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 Bienvenue sur "Web Song": Site de chroniques musicales pour progueux et autres grands mélomanes.

Le site est en construction permanente et il est à nouveau en activité (après une pause trop longue à mon goût). Néanmoins, on peut déjà voir les albums qui seront chroniqués même si les chroniques sont, encore, en construction! A ce jour, le site possède 48 chroniques complètes. Bonne visite!

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Pink Floyd: A Saucerful Of Secrets (Rock psychédélique)

A Saucerful Of Secrets (Pink Floyd/1968)




Le parcours de Pink Floyd fut bien chaotique avant d'en arriver au statut de groupe culte. L'été de l'amour de l'année 1967 aura vu l'émergence du Pink Floyd sur la scène rock britannique et leur premier album, The Piper At The Gates Of Dawn, fut une merveilleuse souillure dans le monde de la pop. Un texte sacré dont l'influence fut, absolument, énorme. La formation devait sa fulgurance artistique à son leader Syd Barrett; merveilleux petit génie. Mais en ce début de 1968, le génie Barrett commence à flancher, le personnage s'est autodétruit à coup d'acide et de LSD laissant la formation sur les épaules de ses camarades. Le groupe vit une situation problèmatique; il vient de perdre son guitariste et son auteur principal et l'idée de mettre fin à l'aventure est difficile car Pink Floyd, même si il reste dans l'ombre des groupes phares de l'époque (The Beatles, The Rolling Stones, The Who), est devenu, en l'espace d'un an, la figure symbolique du psychédélisme britannique (avec Soft Machine). Suite à l'état de santé mentale de Syd Barrett, le groupe s'empresse de chercher un nouveau guitariste afin d'être une formation de cinq membres où Barrett partciperait quant il en aurait la possibilité. David Gilmour, membres des Joker's Wild et ami d'enfance de Syd, intégre le groupe le 18 février 1968 et deviendra l'unique guitariste du groupe en avril suite au départ, définitif, de Syd Barrett. David Gilmour ne commettra pas l'erreur de dupliquer ou singer Barrett, il proposera un univers sonore personnel délicieusement bluesy, spatial et sensuel. Un jeu de guitare qui deviendra une des caractéristiques fondamentales du Floyd dans la décennie suivante.

Si Syd Barrett a quitté le groupe, ce dernier ne s'est pas émancipé de son influence pour autant. A Saucerful Of Secrets est un album hanté, le fantôme Barrettien n'est jamais très loin dans les compositions qui constituent ces quarante minutes troublantes. Ne serait-ce que par ce que le disque se clôt sur le dernier titre de l'ancien leader du Pink Floyd; Jugband Blues. Petite ballade sereine à l'ambiance ésotérique dans laquelle Syd livre des paroles magnifiques qui résument bien son état (C'est vraiment gentil de ta part de penser que je suis là. Et pour que tout soit clair, je me sent obligé de te faire savoir que je ne suis pas là. Et je n'avais jamais imaginé que la lune puisse être si grande. Et je n'avais jamais imaginé que la lune puisse être si bleue.). C'est, également, lui qu'on entend jouer sur le titre de Rick Wright, Remember A Day, et il partage les parties de guitares avec David Gilmour sur le fameux Set The Controls For The Heart Of The Sun. Le reste est du à David Gilmour. Mais certains titres restent famillier à la tradition Barrettienne, notamment les deux chansons de Rick Wright; Remember A Day et See Saw. Ces titres sont un dernier regard vers le passé du groupe, ils sont tendrement nostalgiques et mélancoliques et ils soulignent les talents de mélodiste de Rick Wright, un des piliers musicaux du groupe (comme le prouveront des morceaux comme Summer 68 ou The Great Gig In The Sky) trop souvent oublié à mes yeux. On peut aussi mentionner la chanson de Roger Waters, Corporal Clegg, comme clin d'oeil à la période 1965/1967. L'influence du grand absent y est très forte (avec celle des Beatles) et elle nous permet de montrer que Waters avait de l'humour à la fin des années 1960 !

Le reste du disque évolu dans un registre un peu différent. Let There Be More Light, Set The Controls For The Heart The Sun et A Saucerful Of Secrets; trois pierres précieuses du rock britannique. Un tryptique divin qui constitue, indéniablement, le point fort du disque. Loin de l'univers enchanté et féerique de The Piper At The Gates Of Dawn, Pink Floyd offre un nouveau rock psychédélique. Un psychédélisme sombre et torturé, glacial et angoissé mais qui jouit, néanmoins, d'une véritable beauté artistique. Un paysage de guerre dévasté où coulent, ici et là, quelques touches de vie et de poésie à l'image du titre d'ouverture, Let There Be More Light, à l'ambiance lancinante (le champ de bataille) où éclatent quelques éclairs de guitares électriques (la vie). Set The Controls For The Heart Of The Sun illustre, aussi, cette oppostion entre la mort et la vie, par sa structure mélodique, naturellement, mais aussi par son sublime texte ésotérique du à Waters ("Au-dessus de la montagne observant l'observateur, brisant l'obscurité réveillant la vigne. Une pincée d'amour est une pincée d'obscurité. L'amour est l'obscurité qui fait mûrir le vin"/"Sois témoin de l'homme qui délire contre le mur, formulant sa question au ciel. Est ce que le soleil tombera ce soir? Se rappellera-t-il la leçon de générosité ?"). Quant à la pièce éponyme, elle reste une des plus grandes folies et une des plus grandes audaces du Pink Floyd. Un monument sonore dans lequel l'imprévu, le malaise et l'angoisse font offices de maîtres de cérémonie. Une des meilleures pièces du groupe au même titre qu'un Echoes ou un Interstellar Overdrive.

A Saucerful Of Secrets porte bien son nom ("une soucoupe pleine de secrets"), ce disque est bel et bien un O.V.N.I. dans l'univers Floydien. Un disque bloqué entre deux mondes; celui, féerique et magique, de Syd Barrett et celui, sombre et glacial, du duo Roger Waters/Rick Wright. Si The Piper At The Gates Of Dawn est un conte, A Saucerful Of Secrets est une prophétie. Une prophétie qui nous montre un groupe jeune aux capacités encore limitées mais qui n'a pas peur de l'expérimentation et de l'improvisation. Un groupe qui savoure, avec un appétit vorace, un goût pour l'aventure (qu'on ne retrouve plus dans les dernières parutions du Floyd...) et pour les climats sombres, angoissants et prenants. Loin de l'image utopiste "peace and love", Pink Floyd nous donne, avec ce disque, le bad trip, le vrai. Du très très bon Pink Floyd, peut-être le meilleur d'ailleurs !

Chronique écrite par Mathieu (Juin 2008).

 



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