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 Bienvenue sur "Web Song": Site de chroniques musicales pour progueux et autres grands mélomanes.

Le site est en construction permanente et il est à nouveau en activité (après une pause trop longue à mon goût). Néanmoins, on peut déjà voir les albums qui seront chroniqués même si les chroniques sont, encore, en construction! A ce jour, le site possède 48 chroniques complètes. Bonne visite!

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Soft Machine: Third (Jazz)

  Third (Soft Machine/1970)  




Disque blitzkrieg de l’année 1970, véritable ovni du paysage musical d’une décennie fascinante et fabuleuse pépite de la sphère progressive. Third reste pour beaucoup, dont moi, le diamant noir de la machine molle; son œuvre majuscule. En conciliant une pop féerique de luxe et un jazz sensuel et dévastateur, Soft Machine, dans son second album, avait frappé très fort et avait signé une des œuvres majeures de l’année 1969 tout en s’imposant comme une des nouvelles formations les plus intéressantes de la scène britannique avec Pink Floyd ou encore King Crimson. Pour ce troisième effort, la troupe de Canterbury élimine les composants pop de son vocabulaire musical afin de donner naissance à une sorte d’électrojazz novateur pouvant se placer aux côtés des grandes heures de Miles Davis ou du Mahavishnu Orchestra.

Bien que, clairement, progressif dans sa forme (musique en perpétuel mouvement, expérimentations avant-gardistes, virtuosité instrumentale, morceaux fleuves, etc…), Third est, avant tout, un album de jazz et peut, même, se vanter d’être une des grandes pages de l’histoire du jazz moderne. Afin de renforcer la couleur jazz de l’album le trio Wyatt/Ratledge/Hopper est renforcé par la section de cuivres du groupe de Keith Tippett (qui, la même année, va collaborer avec King Crimson sur la somptueuse suite progressive; Lizard). Au côté de la machine molle on retrouve, donc, Mark Charig à la trompette, Nick Evans au trombone, ainsi qu’Elton Dean au saxophone alto et Lyn Dobson au saxophone soprano. L’album est construit sous une forme assez particulière pour l’époque: c’est un double album composé de quatre morceaux recouvrant, chacun, une face d’un disque (donc des morceaux de vingt minutes). Une structure novatrice en ce début des années 1970 mais qui, malheureusement, donna de mauvaises idées, par la suite, à certaines formations britanniques…

C’est à Hugh Hopper que l’on doit le morceau d’ouverture de cette monumentale galette: Facelift (seul morceau live du disque, enregistré lors de deux concerts en janvier 1970 et, légèrement, réarrangé en studio). C’est, probablement, le titre le moins palpitant de l’œuvre. Loin d’être désagréable mais il ne possède pas le souffle épique des trois autres titres. Les compositions de Mike Ratledge s’avèrent être bien plus intéressantes: Out-bloody-rageous est une pure merveille de jazz électronique à l’atmosphère presque planante et ésotérique, tandis que Slightly All The Time est un des moments forts de l’œuvre. Un free jazz cérébral marqué par les ingénieuses rythmiques de guitare basse de Hugh Hopper et les percussions chevaleresques d’un Robert Wyatt au mieux de sa forme sur ce titre. Le morceau est rehaussé par les délicieuses prestations de Elton Dean et Lyn Dobson au saxophone. Néanmoins, pour beaucoup, le titre majuscule et la merveille du disque n’est, ni plus ni moins, que la seule chanson (la dernière de toute la carrière de Soft Machine) de ce dernier: Moon In June composée par Robert Wyatt. Il s’agit là de différents structures mélodiques imaginées par Wyatt (dont certaines datent de 1967 !) qui sont rassemblées ensemble par un collage cohérent (chose que certaines formations ne savent pas faire…). Se servant de sa voix androgyne comme d’un instrument à part entière, Robert Wyatt offre à cette poésie musicale délicieusement jazzy une force et un profondeur évoquant, déjà, ses grandes réussites en solo. Ratledge et Hopper n’apprécièrent pas le morceau et, de ce fait, ils refusèrent d’y participer! C’est, donc, Robert Wyatt qui joue de tous les instruments (à l'exception du violon électrique)!

Chef-d’œuvre suprême de la machine molle, Third constitue, également, le chant du cygne de cette dernière (qui allait devenir, de plus en plus, molle). De nombreux conflits commencent à naître au sein de la formation et, après la parution en 1971 du quatrième album, Robert Wyatt décida d’abandonner ses collègues et d’aller fonder, de son côté, Matching Mole (allusion ironique à Soft Machine). Soft Machine poursuivra sa carrière jusqu’en 1984 mais perdra de sa force musicale et de son authenticité d’album en album. Délaissant l’humour absurde et british qui fit son charme, délaissant ses fantaisies mélodiques pour privilégier des démonstrations techniques, totalement, quelconques, les rouages de cette machine psychédélique ne cessèrent de se rouiller d’année en année. Si bien qu’à la fin, il ne restait plus rien du Soft Machine originel. Heureusement, il nous reste Third pour nous consoler…


Chronique écrite par Mathieu (Novembre 2009).


 
 



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