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 Bienvenue sur "Web Song": Site de chroniques musicales pour progueux et autres grands mélomanes.

Le site est en construction permanente et il est à nouveau en activité (après une pause trop longue à mon goût). Néanmoins, on peut déjà voir les albums qui seront chroniqués même si les chroniques sont, encore, en construction! A ce jour, le site possède 48 chroniques complètes. Bonne visite!

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King Crimson: Lark's Tongues In Aspic (Rock expérimental)

Lark's Tongues In Aspic (King Crimson/1973)




"Nous essayons d'abolir les frontières entre l'improvisation et l'écriture formelle: certains de nos passages les plus écrits paraissent improvisés et vice-versa..." Voici les propos que le batteur Bill Bruford déclarait durant une interview au New Musical Express en mars 1973. Ces propos, aussi simples soient-ils, illustrent parfaitement la sainte période bénie de King Crimson qui s'étale de la fin de l'année 1972 à la fin de l'année 1974. Cette période restera comme la plus riche, la plus profonde et la plus cohérente de toute la carrière du groupe et elle sera marquée par un triptyque dont la perfection donne le vertige. Cette nouvelle époque Crimsonienne est entamée avec ces fameuses "langues d'alouettes en aspic". Selon Robert Fripp, guitariste et leader de King Crimson qui s'intéressait à l'époque aux sciences occultes, le titre du disque proviendrait d'une véritable recette de sorcellerie. D'ailleurs, pour l'info, le nom du groupe; King Crimson serait un des pseudonymes de Belzebuth (le roi cramoisi) !

A la fin de l'année 1972, Robert Fripp monte une nouvelle mouture pour le roi; un quintet au potentiel de feu. Tout d'abord, John Wetton, qui aurait du figurer sur l'album Islands en 1971, bassiste au phrasé subtile et sensuel et à la voix (car il sera, également, la voix du roi) suave et éraillée. Bill Bruford, batteur tout simplement époustouflant, et ancien membre de Yes qu'il a quitté, après la sortie de l'album Close To The Edge, pour rejoindre la bande à Robert Fripp avec laquelle ses idées musicales étaient plus proches que celles du gang de Jon Anderson. David Cross, violoniste émouvant, qui, avant de rejoindre la formation, jouait au sein de Ring; un groupe de folk rock aux velléités expérimentales. Puis, Jamie Muir, véritable maestro des percussions qui prend tout ce qui lui passe sous les mains: tôles, métaux, fouets, chaînes, etc... Une recrue de luxe dans la cour du roi mais dont le passage sera, néanmoins, très éphémère. Avant un concert de février 1973 au Marquee, Jamie Muir se blesse et décide de quitter le groupe laissant, ainsi, King Crimson se débrouillait à quatre. Après son départ de la formation, il entama une quête spirituelle de sept ans dans un monastère tibétain en Ecosse. Etonnant non, pour reprendre les fameux mots de ce bon vieux monsieur Cyclopède ! Enfin, on peut, également, citer le munichois Richard Palmer James (premier guitariste de Supertramp à l’époque où ce groupe faisait du rock progressif et non de la pop lisse et crétine pour ma voisine de pallier) qui écrira, dorénavant, les discours (les textes, si vous préférez) du roi. Textes qui s’avéreront plus cyniques et plus réalistes que ceux de son prédécesseur Peter Sinfield. Mais aussi bien meilleurs, il faut bien l’avouer, que ceux de ce dernier.

Le groupe partira en tournée en novembre 1972 afin de tester sur scène les nouvelles compositions. Lark’s Tongues In Aspic sort en mars 1973 et il trouble, fortement, les amateurs de la période 1969-1972 de King Crimson. C’est, véritablement, une musique nouvelle que l’on entend sur ce disque. Fini les envolées lyriques, les nappes de mellotron et les climats médiévaux. King Crimson entame, ici, une nouvelle période artistique marquée par une musique plus noire, plus cérébrale également. Une sorte de métal progressif et éclectique marqué par des influences riches et diverses (musique classique, orientale, africaine, contemporaine ou encore jazz) et où les décharges électriques de la guitare de Robert Fripp transpercent, comme une lame de poignard, des sonorités sombres et atmosphériques marquées par une instrumentation riche et une rythmique endiablée. L’album est dominé par une longue pièce divisée en deux parties (une qui ouvre le disque et une autre qui le clôt. Cette idée de structure sera reprise par Pink Floyd pour deux de leurs albums; Wish You Were Here et Animals). Une symphonie agressive et obscure gorgée de sonorités électriques qui navigue entre l’angoisse et la plénitude. Une des pièces maîtresses de la carrière de King Crimson et, probablement, un des morceaux les plus réussis et les plus ambitieux de l’histoire de la musique rock. Au milieu du disque on remarque la présence de quatre morceaux. Easy Money est, certainement, le point faible du disque. Une sorte de rock carré et brut de décoffrage qui ne prend, malheureusement, pas malgré quelques trouvailles sonores relativement intéressantes. The Talking Drum est une formidable transe musicale qui, grâce au duo basse/percussions, plonge l’auditeur dans des sonorités arabisantes. Enfin, pour finir, il y a les magnifiques Book Of Saturday et Exiles qui font parties des plus belles chansons de King Crimson, toute période confondue. Deux petites perles d’un lyrisme foudroyant, délicieusement mélancoliques et légèrement romantiques. Deux titres qui regardent, une dernière fois, le passé du groupe dont on retrouve, malgré un changement musical incontestable, quelques traces tout au long de l’album. C’est une des particularité de Lark’s Tongues In Aspic; il inaugure le futur du groupe tout comme il rend hommage à son passé. Une interprétation que l’on retrouve, également, sur la magnifique pochette sobre du 33 tours où l’on voit un soleil se fondant en parfaite harmonie dans les formes d’une Lune. Synthèse probante entre le passé et l’avenir.

Lark’s Tongues In Aspic est un grand moment de musique qui ne doit pas être réservé aux progueux purs et durs (dont certains préfèrent, malheureusement, s’arrêter à la période 1969-1972 du groupe). Le disque jouit d’un éclectisme suffisamment grand et riche pour qu’il puisse combler les oreilles de nombreux auditeurs. Tant que ces derniers possèdent un minimum de curiosité et d’ouverture d’esprit. Lark’s Tongues In Aspic est donc une sublime réussite artistique qui préambule, déjà, les deux futurs chefs-d’œuvre du groupe: Starless And Bible Black et Red qui seront encore meilleurs que celui là. Enfin, je rajoute, volontiers, que Lark’s Tongues In Aspic est à écouter obligatoirement pour ceux qui pensent que l’année 1973 se résume, musicalement, à The Dark Side Of The Moon de Pink Floyd.

Chronique écrite par Mathieu (Juin 2008).

 

 



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