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 Bienvenue sur "Web Song": Site de chroniques musicales pour progueux et autres grands mélomanes.

Le site est en construction permanente et il est à nouveau en activité (après une pause trop longue à mon goût). Néanmoins, on peut déjà voir les albums qui seront chroniqués même si les chroniques sont, encore, en construction! A ce jour, le site possède 48 chroniques complètes. Bonne visite!

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King Crimson: Red (Métal progressif)

 Red (King Crimson/1974)

Une oeuvre à la fois fascinante et unique et une carrière, quasiment, irréprochable. Telle est la façon dont on peut parler de ce fulgurant laboratoire musical que fut et reste King Crimson. Nous sommes en octobre 1974 et King Crimson vient de s'éteindre (jusqu'en 1981). Son dernier édifice sonore, Red, vient de paraître mais le roi est, déjà, mort depuis le 28 septembre, date où Robert Fripp annonce, par un communiqué officiel, la dissolution de son groupe. Pour Robert Fripp, l'avenir n'est plus aux dinosaures et aux vieilles entités. King Crimson ne le satisfait plus, il en a fait le tour et le guitariste a besoin de satisfaire ses besoins intellectuels et artistiques ailleurs. Notamment en collaborant avec des musiciens comme Brian Eno ou David Bowie. Mais, comme tous les progueux le savent, l'aventure de King Crimson ne s'arrêtera pas là. En 1981, Robert Fripp fera renaître de ses cendres le grand roi cramoisi.

Néanmoins, le King Crimson des années 1980 n'est, en rien, comparable à celui des années 1970. A partir de 1981 et de l'album Discipline, la musique de King Crimson se fera, volontairement, plus urbaine et ses aspirations seront plus proche des musiques ethniques et de la new-wave naissante et non du rock (ou du métal) progressif dont il fut la tête de gondole pendant cinq ans. Quant à la line-up elle changera également, Bill Bruford reste le seul membre encore présent de la mouture de 1974. Pour le reste, les nouveaux membres sont Tony Levin (bassiste de Peter Gabriel) et Adrian Belew (ancien guitariste des Talking-Heads qui a, également, collaboré avec Frank Zappa et David Bowie). Deux musiciens qui renforceront l'impression de nouveauté du King Crimson des années 1980. En ce sens, "Red" marque, bel et bien, la fin du King Crimson originel et il n'existe, guère, d'oeuvre testamentaire plus poignante que celle-ci dans l'histoire de la musique rock. Fini les expérimentations avant-gardistes et le rock cérébral de Lark's Tongues In Aspic et de Starless And Bible Black. Red n'expérimente plus rien dans son contenu, il perfectionne différentes grammaires musicales que la formation a mis, petit à petit, en place tout au long de son parcours. "Red" évolue dans la continuité du métal progressif et violent développé à partir de Lark's Tongues In Aspic mais il garde un oeil sur le symphonisme pop des débuts et se revêt des habits de free-jazz rappelant les grands moments de Lizard. Si l'on entend, souvent, dire que Red est le meilleur album du roi cramoisi de la nébuleuse progressive c'est, tout simplement, parce qu'il s'agit d'un album de synthèse et, de ce fait, il séduit autant les fans de Lark's Tongues In Aspic et Starless And Bible Black que les fans du premier album. Cette impression de synthèse est renforcée par la line-up de la galette. Outre le trio restant Robert Fripp/Bill Bruford/John Wetton, on retrouve, sur Red, la présence de Ian McDonald (saxophone alto), serviteur de la première heure de sa majesté, Mel Collins (saxophone soprano), figure majeure des grands moments de jazz lyrique de la cour. Enfin, David Cross (violon) nous honore de sa présence sur "Providence", morceau qui, malgré qu'il n'ait jamais fait parti de mes titres favoris de la formation, représente la dernière véritable improvisation (enregistrée en concert à la manière des grands moments de Starless And Bible Black) du King Crimson originel.

Quant au reste de la galette, pas d'hésitation, ce n'est que du bon ! Red est un formidable condensé des meilleurs composants de l'œuvre du roi. L'ouverture-l'instrumental éponyme-jette les bases du disque. Un métal glacial, lourd et sombre à l'ambiance envoûtante. Une transe électronique où la guitare transcendante de Robert Fripp prend toute sa dimension et sa grandeur en étant rehaussée par les percussions apocalyptiques d'un Bill Bruford au mieux de sa forme. Une structure musicale dont on retrouvera des échos dans le King Crimson des années 1990 et notamment sur l'album Thrak (1995). Fallen Angel est une ballade sauvage magnifiquement chantée par John Wetton et dont le romantisme glauque, violent et dépressif préambule, déjà, l'esprit du grunge (de quoi remettre Kurt Cobain au placard) ! One More Red Nightmare est un formidable morceau de hard-rock nerveux, urgent et efficace enrichi par de superbes interventions au saxophone. Une décharge heavy qui n'a, absolument, rien à envier aux meilleurs moments de Led Zeppelin. Enfin, le 33 tours se referme sur ce qui reste un des sommets (LE sommet pour beaucoup) du répertoire du roi: Starless. Indéniablement, un des plus grands morceaux du rock britannique. Une somptueuse pièce de 12 minutes d'une noirceur totale à la fois inquiétante et fascinante. Le titre commence sous la forme d'une douce chanson au lyrisme sublime avant de se transformer, petit à petit, en transe électronique reposant sur la sainte trinité rock guitare/batterie/basse. L'ensemble explose, majestueusement, dans un free-jazz torturé marqué par un délicieux solo de saxophone alto de Ian McDonald. Une véritable perle.

Red se résume, parfaitement, par le biais de l'image au dos de la pochette: un compteur de vitesse dont l'aiguille est poussée au niveau maximal. Un disque qui ne laisse pas une minute de répit à l'auditeur, une fougue rock métallique et hypnotique, une oeuvre chaotique. Un album plus noir que rouge. Essentiel.

Chronique écrite par Mathieu (Août 2009).

 



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