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 Bienvenue sur "Web Song": Site de chroniques musicales pour progueux et autres grands mélomanes.

Le site est en construction permanente et il est à nouveau en activité (après une pause trop longue à mon goût). Néanmoins, on peut déjà voir les albums qui seront chroniqués même si les chroniques sont, encore, en construction! A ce jour, le site possède 48 chroniques complètes. Bonne visite!

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King Crimson: Starless And Bible Black (Rock expérimental)

Starless And Bible Black (King Crimson/1974)




Petit frère des langues d'alouettes en aspic et prestigieux aîné de la couleur rouge; Starless And Bible Black ("Sans étoiles et Bible noire") est le deuxième volet d'une des trilogies les plus puissantes et les plus cohérentes de toute l'histoire de la musique rock. C'est, peut-être, la meilleure de toutes d'ailleurs. Starless And Bible Black reste, à mon humble avis, le meilleur des trois disques du tryptique et, par la même occasion, l'oeuvre majuscule du grand roi cramoisi. Encore plus expérimental que Lark's Tongues In Aspic et encore plus violent que Red; les huits titres de cette monumentale galette représentent ce que King Crimson a fait de plus audacieux et de plus délirant de toute sa carrière. Pourtant, cet album reste un des moins aimés (avec Lizard probablement) de toute la discographie de la formation, et beaucoup de progueux le considèrent comme un des points faibles de l'oeuvre du groupe. La cause de cette mauvaise réputation ? Starless And Bible Black est un album hermétique et incompris. Si Lark's Tongues In Aspic endossait, déjà, des habits de musique expérimentale, il restait un album très écrit. Sur Starless And Bible Black, c'est l'improvisation qui est reine et l'album demandera un niveau très haut d'attention lors de son écoute pour pouvoir en savourer la richesse.

Suite au départ de Jamie Muir (le prodigieux percussionniste qui faisait merveille sur Lark's Tongues In Aspic), le groupe se retrouve à quatre: le violoniste David Cross, le batteur Bill Bruford, le bassiste et chanteur John Wetton et, naturellement, le fameux guitariste Robert Fripp. Durant les mois qui précédèrent la parution de Lark's Tongues In Aspic, le groupe entreprit une série de concerts qui lui permit d'agrandir son savoir-faire et sa maîtrise, mais, également, de gagner en efficacité. La formation part d'abord en tournée en Europe, dont un premier concert en France; le 9 avril 1973 à l'Olympia, puis aux Etats-Unis. Le groupe donnera une seconde tournée européenne en automne. C'est essentiellement de là que provient l'ensemble du disque qui fut, à peine, retravaillé en studio. Sur les huit titres de l'album, seulement deux et demi proviennent des séances d'enregistrement en studio: The Great Deceiver (qui a la particularité de contenir le seul texte écrit par Robert Fripp durant sa carrière au sein de King Crimson), Lament et la seconde moitié de The Night Watch (la première vient du fameux concert du 23 novembre 1973 à Amsterdam que l'on retrouve, depuis 1997, en son intégralité sur le live The Night Watch). L'album s'ouvre sur The Great Deceiver; une introduction surpuissante menée par des torrents d'électricité foudroyants et violents. Le second morceau, Lament, réserve de belles montées de tension à l'auditeur. Le titre commence, en effet, de manière douce et lyrique avec le violon de David Cross et la voix suave de John Wetton avant de se transformer en rock dur et nerveux. La conclusion, sous forme d'improvisation grandiloquente, est éclatante de perfection. We'll Let You Know est, quant à lui, un morceau totalement improvisé. C'est un des titres de l'album qui renforce son caractère hermétique et difficile d'accès. We'll Let You Know retransmet, sur disque studio, les approximations propres aux improvisations live d'une façon qui a de quoi destabiliser l'auditeur. L'album se poursuit par le magnifique et romantique The Night Watch (chanson inspirée par un tableau de Rembrandt). Avec cette merveille de pureté mélancolique et grâcieuse, King Crimson signe sa plus belle ballade. Le titre en préambule d'autres qui seront, elles aussi, très belles mais, terriblement, inférieures à cette perle (Matte Kudasaï, Walking On Air, etc...).

Trio reste, certainement, le plus beau des morceaux improvisés par la formation. Cet instrumental, qui provient, lui aussi, du concert du 23 novembre 1973 à Amsterdam ("le seul véritable instant de paix que nous avons connu pendant un concert..." déclarera le violoniste David Cross) est une magnifique improvisation à mi-chemin entre la virginité du silence et la tentation de l'expérimentation. The Mincer est un titre dans la même veine que We'll Let You Know. Le sommet du disque se trouve, naturellement, sur la seconde face. Deux titres d'une dizaine de minutes chacun: Starless And Bible Black et Fracture. Si la première face pouvait, facilement, s'apparentait à l'énergie d'un concert, la seconde, quant à elle, représente la jungle, le chaos, la folie furieuse, le danger, l'interdit... Le morceau éponyme est une improvisation ténébreuse située, comme son titre l'indique, dans un univers sonore sans étoile. Un monde sombre et angoissant qui préparent, doucement, l'auditeur à l'homérique final: le majestueux Fracture. Au même titre que Lark's Tongues In Aspic Part Two, Fracture est un morceau écrit par Robert Fripp qui prend la forme totale d'une expérimentation. C'est un marathon musical de onze minutes qui prend l'auditeur aux tripes. Faisant preuve d'une violence étouffante et sournoise, mais terriblement intelligente; Fracture est une des pièces maîtresses du rock dit progressif; c'est une explosion de sensations terrifiantes et envoûtantes: un cauchemar profond et malsain vers lequel on est, malgré tout, étrangement attiré. Comme si la guitare ténébreuse de Robert Fripp et la batterie sauvage de Bill Bruford voulaient nous prendre dans leurs filets et ne plus nous relâcher. Lavage des tympans garanti !

Sommet de l'oeuvre du roi cramoisi; Starless And Bible Black est un album qui appartient, inévitablement, à la race noble des chefs-d'oeuvre. Il propose une musique sombre et angoissante; parfois étouffante; souvent dangereuse; mais incroyablement belle et délicieusement attirante. On peut se le repasser plusieurs fois, chaque écoute apporte de nouveaux éléments aux terrains d'appréciations de l'auditeur. Enfin, pour conclure, je rajouterai que Starless And Bible Black possède la qualité majeure des chefs-d'oeuvre; on en ressort différent, pas comme avant. Essentiel...

Chronique écrite par Mathieu (Août 2008).


 



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